S’implanter en France, un défi pour les éditeurs québécois
05/12/2018
Au cours de la 41 ème édition du Salon du livre de Montréal, plusieurs éditeurs québécois et français sont intervenus lors d’une conférence sur les différents défis que représente la commercialisation d’ouvrages québécois sur le marché européen.
Animée par Frédéric Gauthier, co-fondateur de La Pastèque, Mylène Bouchard, co-fondatrice de La Peuplade, Alexandre Sanchez, éditeur pour LUX et Fabrice Piault, rédacteur en chef de Livres Hebdo, la conférence a permis aux différents participants de dresser sur la base de leurs propres expériences un panorama des difficultés et des opportunités des éditeurs québécois à s’implanter sur le marché européen.
« Le marché européen, et en particulier français, est assez vaste et saturé, de nombreux acteurs étant déjà en place. Même une maison d’édition québécoise de taille moyenne se rend vite compte qu’elle dispose de moyens modestes » souligne Fabrice Piault. Un aspect que Frédéric Gauthier confirme tout en précisant qu’un des meilleurs moyens d’atteindre les consommateurs du continent est de vendre des livres directement aux librairies européennes. Cette option nécessite cependant de recruter des représentants locaux des ventes et du marketing, présent sur le territoire.
Cette stratégie n’est néanmoins pas assez rentable, pour Mylène Bouchard. « Nous avons vendu les droits de nos titres à quelques maisons d’édition mais nous avons constaté que ce n’était jamais vraiment une garantie de succès. Même si nos titres ont été vendus aux libraires ou que nos auteurs étaient en tournée en Europe, les ventes ne correspondaient souvent pas à nos attentes. » ajoute la fondatrice de La Peuplade, qui a gagné le marché français en se spécialisant dans la littérature nordique. En créant leur propre style et signature, la maison d’édition a connu un grand succès en France, avec la publication d’Homo Sapienne de la romancière groenlandaise, Niviaq Korneliussen.
Alexandre Sanchez est quant à lui entré sur le marché plus vite qu’il ne l’imaginait. « Lux a été créé il y a 25 ans sans aucune intention d’exporter en France. Nous faisions des histoires populaires, qui a priori, étaient très dures à vendre en France. Cependant, il y a 15 ans, nous avons publié Un bref court d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon, qui a connu un succès retentissant en France », confit L’éditeur de Lux. Une situation qui leur a permis de trouver un distributeur, Harmonia Mundi, qui leur a proposé le meilleur prix.
Les trois maisons d’éditions, qui sont partagées entre la France et le Québec, possèdent des équipes sur l’hexagone, qui se chargent de leur surreprésentation dans le pays. « Parce que le marché est tellement saturé, nous devons nous représenter nous-mêmes auprès de tous les libraires en France et en Belgique. C’est le rôle le plus important de notre équipe en France » précise Frédéric Gauthier. L’éditeur de Lux ajoute que toute la production de Lux reste au Québec, à l’exception de l’impression qui se fait en Europe, mais leur « promotion, la distribution, les médias, le montage est partagé entre Montréal et Paris. ». Mylène Bouchard se réjouit quant à elle de posséder une équipe de relations presse qui a permis à La Peuplade d’être « mis en avant dans les grands médias, Le Monde, Nouvel Obs, Marie-Claire. »
Une belle intégration sur le marché français pour les éditeurs, qui demande néanmoins de rester « vigilant », car « il y a toujours des vautours » conclut Mylène Bouchard.
Source: publishing perspectives
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