L’État accusé de « désengagement brutal » sur la gestion des archives nationales

Par : Angèle Boutin - Caroline Garnier

27/12/2018

Le syndicat CGT-Archives continue de dénoncer le désengagement de l’État, ainsi que la baisse de 17,8 % du budget alloué aux archives.

L’annonce du budget de la Culture pour 2019 en septembre dernier a révélé un budget alloué aux archives en baisse de 17,8 %, soit la baisse la plus importante tous secteurs confondus.

Alors qu’aucun représentant du ministère de la Culture n’a souhaité donner suite à nos demandes répétées de commentaire, Wladimir Susanj, délégué CGT-Archives joint ce jour par BookSquad dénonce un « désengagement incompréhensible ».

Il rappelle que les archives « représentent 800 personnes et coûtent 30 millions d’euros, soit 0,33 % des 10 milliards du budget du ministère de la Culture et 0,000165 % du budget de l’État ». Et de parler d’une politique « antinomique ». « Franck Riester  reconnaît l’importance des archives mais en même temps il sabre et coupe les budgets qui leur sont alloués. On ne peut pas avoir plus en donnant moins », résume-t-il.

L’année dernière, un appel à la mobilisation avait été lancé par le syndicat pour sauver de la démolition le site insalubre des Archives Nationale à Fontainebleau (77). Cette démolition faisant perdre quelques « 200 kilomètres carrés de stockage d’archives ». Le site de Paris devrait aussi être amputé d’un peu plus de 11 000 mètres carrés comme le précise Archimag afin de « reloger 300 fonctionnaires du ministère de la Culture » et d’« accueillir le Nouveau Centre d’études picasiennes ».  Cet appel, qui a recueilli à ce jour 15 000 signatures, avait également pour ambition « d’attirer l’attention du grand public sur l’importance des archives » révèle Wladimir Susanj. « Les archives constituent la mémoire vive d’un pays, or un pays sans mémoire ça n’existe pas ».

C’est jusqu’à la notion d’archives qui semble, derrière la manoeuvre politique, être interrogée. Arlette Farge, archiviste et historienne, répondant dans un courrier publié par Archimag à l’idée d’« archives essentielles » évoquée par l’ex-ministre Françoise Nyssen, demande ainsi : « qu’est-ce donc qu’une archive essentielle, et, a contrario, que serait une ‘’archive non-essentielle’’ ? ». Pour Vladimir Susanj « a priori toute archive produite a pour vocation de devenir une archive définitive. En quoi certaines archives ne le sont pas ? ». Le délégué syndical précise qu’il n’existe aucune définition claire de cette notion d’ « archives non essentielles ». L’État n’a d’ailleurs pas donné d’information quant aux critères qui permettraient d’opérer une différence entre les archives « essentielles » et « non-essentielles » .

Le 7 décembre dernier, la plateforme d’archivage numérique ADAMANT a été lancée par le ministère de la Culture pour garantir la conservation sécurisée dans le temps des archives. Même si Wladimir Susanj reconnaît qu’il est important de s’adapter « à l’ère du temps », il estime que « l’archivage électronique ne doit pas justifier la destruction des archives papier. On connaît la préservation des archives sur le support papier, mais on ignore celle sur le numérique. Il faut donc être vigilant quant à son utilisation pour ne pas perdre les informations. »

Également contactée par nos soins, Françoise Banat-Berger, directrice des Archives nationales, n’a pas souhaité faire de commentaire.

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