Les bibliothèques s’approprient le trésor Aristophil
05/04/2019
Suite au scandale des Collections Aristophil, survenu en 2015, les différents manuscrits détenus par la société sont mis aux enchères. Mardi 3 avril, lors de la troisième cession de vente orchestrée par la maison Aguttes, plusieurs institutions de lecture, qui bénéficiaient d’un droit de préemption, ont fait l'acquisition de précieux manuscrits.
La Bibliothèque historique de la Ville de Paris est l’institution la plus remarquée lors de la vente. Elle s’est ainsi procuré le manuscrit autographe de Jean Cocteau, La Belle et la Bête. Journal d’un film, pour 39 000 euros, soit trois fois son estimation de base, dévoile le communiqué après-vente.
La Bibliothèque nationale de France a également fait l’acquisition, par préemption, de Fior d’Aliza, manuscrit autographe d’Alphonse de Lamartine pour 23 400 euros, tandis que la Bibliothèque Marguerite Durand s’est procuré un ensemble de 40 lettres autographes signées par Simone de Beauvoir pour 4 680 euros.
Certaines institutions se sont emparées de plusieurs manuscrits, comme le Conseil Départemental de Seine Maritime et la Bibliothèque Jacques Doucet, qui ont ainsi acquis, pour la première, une lettre autographe de Juliette Drouet à Victor Hugo pour 1 170 euros, un ensemble de douze lettres autographes de Gustave Flaubert pour 11 700 euros, un manuscrit autographe de Victor Hugo de 1 950 euros ainsi qu'un manuscrit autographe de Paul Eluard et de Georges Hugnet pour 7 150 euros, et une correspondance autographe de Max Jacob de 11 700 euros pour la seconde.
Au total, ces enchères ont généré 1 127 373 euros, avec des ventes importantes telles que le manuscrit autographe avec gouaches originales du Le Livre Ouvert III de Paul Eluard, estimé entre 70 000 et 80 000 euros et vendu à 97 500 euros.
Les bénéfices de ces ventes doivent contribuer à dédommager en parti les investisseurs lésés.
En 2015, les collections Aristophil, société de vente aux enchères, avaient été placées sous liquidation judiciaire tandis que son fondateur Gérard Lhéritier avait été mis en examen pour « blanchiment et escroquerie en bande organisée ». En cause : une surestimation de la valeur réelle des manuscrits de personnages historiques qu’elle vendait. En moyenne, l’Express révélait que ces textes écrits avaient été revendus pour un montant 6 à 7 fois supérieur à leur valeur réelle. Un lot « Lettres, manuscrits, livres et objets historiques de l’empereur Napoléon Bonaparte » avait ainsi été estimé à 13,4 millions d’euros alors que, pour la justice, sa valeur était comprise entre 1,189 et 2,365 millions d’euros.
Cette affaire a ainsi entraîné un krach d’un milliard d’euros ainsi qu’une saisie de 130 000 manuscrits au siège de la société, laissant 18 000 investisseurs lésés.
Le 25 mars dernier, l’Express révélait que différents fonctionnaires des différents ministères étaient venus examiner les biens d’Aristophil munis d’une autorisation de la justice, estimant que 1 000 lots appartiendraient aux Archives publiques. Or les objets concernés impliqueraient 16 500 à 18 000 épargnants, sans que l’État n’ait l’attention de leur verser un quelconque dédommagement. Le code du Patrimoine permettant à l’Etat de revendiquer tout manuscrit regardant un sujet public, et ce de façon imprescriptible sans aucune rémunération. Une démarche contestée par les épargnants qui, comme l’indique l’hebdomadaire, envisagent d’attaquer l’État pour « négligence ».
Débuté en 2017 à Drouot, les ventes des trésors Aristophil, qui comporte 130 000 manuscrits, ont générés pour le moment plus de 30 millions d’euros. D’autres séries de ventes devraient avoir lieu, même si ce nouveau rebondissement risque de compliquer les enchères.
Source : Drouot Presse
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