Laure Leroy : Zulma, « c’est une façon d’utiliser la fiction pour dire le monde »
07/05/2019
Entretien avec la fondatrice des éditions Zulma, qui revient pour BookSquad, sur le travail de sa maison dans la promotion des littératures du monde.
BS : Laure Leroy, vous êtes éditrice, fondatrice des éditions Zulma. Pourriez-vous nous présenter votre maison ?
Laure Leroy : La maison a été fondée en 1991, avec une ligne éditoriale repensée en 2006 pour mettre l’accent sur la ligne graphique. Nous ne publions que 12 livres par an, ce qui peut paraître peu, mais je m’attache à la qualité des textes, que je lis. La sélection repose beaucoup sur un travail de recherche, d’editing et sur la promotion de nos publications.
Nous proposons des livres du monde, récits, fictions, nouvelles et, depuis quelques mois, une collection d’essais, écrits par des auteurs francophones, mais aussi des livres en langues étrangères. Avec nos auteurs francophones, nous voulons mettre en lumière la richesse et la diversité de l’expression françaises.
Diffuser des romans de cultures étrangères, c’est une façon d’utiliser la fiction pour dire le monde.
Nous voulons mettre en valeur des cultures littéraires et des richesses poétiques différentes de celles qui nous sont familières, française et américaine, afin de parler du monde. Nos livres proposent d’autres points de vue.
BS : Vos publications sont reconnaissables par leurs couvertures et leurs motifs (par le graphiste David Pearson), différents et pourtant harmonieux. Pourquoi ce parti pris du visuel ?
L.L. : Notre maison a vocation à la découverte. Quand nous n’avons pas une force de frappe médiatique très importante, il est difficile de porter un auteur. Il est apparu évident pour compenser de mettre en avant une ligne graphique forte, reconnaissable. Quand vous ne connaissez pas l’auteur, qui de surcroît a un nom qui ne vous est pas familier ou issu d’une culture qui ne vous est pas familière, vous faites d’abord confiance à la maison d’édition. Le visuel est l’engagement de notre marque.
BS : La traduction occupe une place primordiale dans votre catalogue. Vous avez aussi lancé le Prix Apulée de la Traduction (du nom de votre revue). Pourquoi cette récompense ?
L.L. : Nous avons effectivement lancé le Prix de la Traduction, du nom de la revue Apulée, que nous publions annuellement. C’est une véritable malle aux trésors. Vous avez des auteurs tamouls qui écrivent en tamoul mais qui habitent en France, des auteurs tunisiens qui vivent en Tunisie, mais écrivent en français. Sans la traduction, nous n’aurions pas accès à toute cette diversité de cultures. Avec le prix, nous voulons promouvoir la traduction de langues diverses, mais aussi la mobilité des langues.
BS : Cela fait aujourd’hui presque 30 ans que les éditions Zulma existent. Qu’est-ce que vous imaginez pour la suite de l’aventure ?
L.L. : Depuis janvier, nous proposons une collection d’essais d’auteurs étrangers, dans laquelle trois textes devraient être publiés par an. C’est un travail de recherches très méticuleux, d’où le choix de nous restreindre a une si petite sélection par an. C’est un projet assez ambitieux. Je pense qu’il va nous occuper au moins pour les deux, trois prochaines années.
Propos recueillis par Lucile Payeton
TEMPS DE LECTURE: 2 minutes