La majorité des adolescents estime la lecture importante… mais ne lit pas.
20/11/2018
L’association Lecture Jeunesse est à l’initiative d’un observatoire sur les pratiques de lecture des adolescents et des jeunes adultes. Intitulée les nouvelles de l’obs, cette première publication, recueil d’études et de données quantitatives, est riche de données.
« Les écrans tuent-ils la lecture? Les ados lisent-ils encore? Que font les auteurs, les éditeurs, les enseignants, les bibliothécaires, les animateurs…pour les inciter à lire? Adolescents aujourd’hui, adultes demain, les jeunes seraient-ils mieux préparés à leur vie future de citoyens s’ils lisaient plus ou mieux ? », voici autant de questions qui ont motivé l’association Lecture Jeunesse à créer les nouvelles de l’obs. Composé d’études, de rapports et de données quantitatives récoltés en 2017, la publication datée du 13 novembre 2018, souhaite suggérer aux professionnels des questionnements nouveaux, en analysant la lecture, les pratiques des acteurs de terrain ainsi que l’offre éditoriale proposée aux jeunes. Un comité consultatif de l’observatoire qui réunit les ministères et les institutions publiques de la culture, de l’éducation et de la jeunesse mais aussi les organismes représentant les auteurs, les éditeurs, les libraires, les bibliothécaires, les organisateurs de salon ainsi que les associations militant pour le développement de la culture auprès des jeunes, a été créé pour constituer ce dossier.
Les données du Syndicat nationale de l’édition (SNE) précisent que l’édition jeunesse génère un chiffre d’affaires de 364 millions d’euros, avec 16 521 titres jeunesses publiés, hors BD. Entre 2015 et 2016, le nombre d’exemplaires vendus a progressé de 6,1%. L’édition jeunesse se divise en trois groupes: « documentaire, encyclopédie », « éveil, petite enfance », « fiction jeunesse, adolescents et jeunes adultes ». La partie fiction est celle qui possède le plus de titres, 42,68%. Elle connaît actuellement une hausse, liée notamment à la sortie de la saga Harry Potter, la pièce de théâtre, Harry Potter et l’enfant maudit, de John Tiffany et Jack Thorn. Gallimard Jeunesse, qui a édité la saga, se classe en tête du palmarès des éditeurs jeunesse 2017 des 25 titres « fiction jeunesse » avec 10 titres et 6 auteurs. Parmi les 100 titres jeunesse les plus empruntés en bibliothèque en 2017, 90 sont des livres de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch (Max et Lili) et 4 livres appartiennent à la catégorie « littératures ado », dont 3 titres de Harry Potter de J.K Rowling. 48% des livres sont des traductions, sachant que l’anglais est la première langue traduite. En 2015, 23 éditeurs jeunesse sur 32 ont publié des traductions, ce qui représente 58% des titres publiés, dont 89% de traductions anglo-saxonnes.
La lecture est la 4ème activité pratiquée par les enfants de 11 ans, dont 33,5% lisent quotidiennement, après la télévision, l’écoute de la musique et de la radio. Elle est déclassée au 10ème rang pour les adolescents de 17 ans. Indépendamment de l’appartenance sociale, les filles lisent davantage et déclarent aimer plus lire que les garçons, même si il existe un décrochage des deux sexes à partir de 13 ans. La lecture de BD, majoritairement masculine, connaît un fort taux d’abandon à partir de l’adolescence. Ce recul de la lecture dès l’adolescence s’explique par un manque de temps mais aussi par la concurrence avec d’autres loisirs. L’étude du CNL (centre national du livre) « Les Français et la lecture » de 2015, indique que les 15-24 ans se détournent de la lecture car ils ont « du mal à trouver des livres qui les intéressent ». Une interrogation quant à la suggestion des livres proposés à cette tranche d’âge est donc soulignée par l’étude.
Néanmoins, 70% des jeunes de 15 à 19 ans, estiment qu’il est important de lire. Ils considèrent d’ailleurs que le livre est le support auquel ils accordent le plus leur confiance, au regard de la presse quotidienne, télévisuelle et internet.
Si 7 % des jeunes post-collège affirment détester lire, 36% sont plus nuancés estimant ne pas lire par plaisir. 72% des élèves de milieux socio-économiques aisés contre 56% des élèves issus de milieux favorisés aiment lire par plaisir quotidiennement.
En ce qui concerne les genres les plus lus par les adolescents, le roman fait l’unanimité. Vient ensuite la littérature imaginaire, les livres scientifiques, techniques et professionnels, les bandes dessinées, les classiques et les séries. Une différence de goût pour les histoires est notable en fonction des sexes. Si au collège, les filles préfèrent lire des histoires de famille et de vie quotidienne, elles se tournent davantage vers le roman policier et les témoignages au lycée.
Pas d’évolution pour les garçons qui se tournent à tout âge vers les romans, les bande dessinées, et les manga.
L’étude souligne qu’il existe des écarts de performances de lecture entre les garçons et les filles. Ces dernières possèdent en moyenne une année d’étude supplémentaire par rapport à leurs homologues masculins. Le collège creuse davantage ces écarts, car l’enseignement présuppose une compétence de lecture acquise par les élèves.
En ce qui concerne la fréquentation des lieux de lecture, 72% des 15-24 ans affirment auprès du ministère de la Culture en 2016 avoir fréquenté une bibliothèque dans les 12 mois précédents l’enquête. La fréquentation de ce lieu avant 11 ans favorise d’autant plus la fréquentation a posteriori. Pour les 15-24 ans, le taux de fréquentation des bibliothèques est plus élevé chez ceux dont les parents sont moins diplômés.
Source: Fill
TEMPS DE LECTURE: 3 minutes