Féminisation des noms : l’Académie française en train de céder

Par : Caroline Garnier

20/02/2019

Jusque-là réticente, voire opposée, à une quelconque utilisation de termes féminisés pour les noms de métiers, l’Académie française pourrait bien changer son fusil d’épaule.

Bien avant l’aval des Immortels, certains termes se sont déjà fait une part belle dans la langue française. Ainsi il n’est pas rare, pour ne pas dire courant, de retrouver l’ajout d’un « e » ou du suffixe « trice » à la fin de certaines appellations: auteurE, avocatE, acupuncTRICE ou encore chirurgienNE. 

L’Express rappelle néanmoins que des termes féminisés ont été retrouvés jusqu’au XVII ème siècle, date à partir de laquelle « les femmes ont été exclues d’un certain nombre de professions et reléguées à la cuisine » précise le linguiste Bernard Cerquiglini, auteur du livre Le Ministre est enceinte ou la grande querelle de la féminisation des noms. Par conséquent, la féminisation des noms de métiers fait partie de l’histoire de la langue française.

Le conservatisme ou bien encore le manque de connaissance sur la linguistique des membres de l’Académie française seraient, selon la linguiste Maria Candea, les raisons qui expliqueraient le refus de nombre d’entre eux, pendant de nombreuses années, à approuver une féminisation de la langue. 

« Par exemple, certains académiciens ont expliqué qu’ils n’aimaient pas « doctoresse » parce que cela rime avec « fesse ». (…) Tel autre s’est opposé à « rectrice », qui lui faisait penser à « rectal », alors que tout le monde dit « directrice ». Un troisième a déclaré qu’ « écrivaine » était à proscrive car on entendait « vaine », sans se rendre compte que dans « écrivain », on entend aussi « vain » » souligne la co-rédactrice de l’Académie contre la langue française.

Jusqu’en 1980 l’institution était principalement composée d’hommes, rappelle Livres Hebdo. Cette année-là, grâce à Jean d’Ormesson, l’autrice Marguerite Yourcenar a été la première femme à y occuper un siège. À ce jour, l’Académie française accueille dans ses rangs cinq femmes sur les quarante membres. Hélène Carrère d’Encausse occupe notamment depuis 1999 le poste de secrétaire perpétuelle. 

En 2017, les Immortels s’étaient indignés de l’écriture inclusive, qui souhaite inclure le féminin dans la langue avec l’utilisation des points à la fin des mots, en la qualifiant de « péril mortel ».

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2 commentaires sur “Féminisation des noms : l’Académie française en train de céder

    Je suis tout-a fait d’accord avec les Immortels contre l’écriture « inclusive ». Si il est acceptable d’écrire Doctoresse, (utilisé lorsque j’étais enfant), où Avocate, je suis tout à fait contre : Écrivaine, (ridicule), Rectrice, Autrice ! (le pire), et quantité d’autres que je proscris comme déviant le sens des mots et titres. Il m’est aussi insupportable de recevoir une lettre dont les noms d’origine masculine sont mis à la mode « inclusive »… (qui ne veut rien dire). Lorsque je trouve un mot, suivit d’un tiret, puis d’un « é es » , je renvoie la lettre à son expéditeur, quelqu’il soit, lui demandant de m’écrire en français!
    Je soutiens le qualificatif de  » péril mortel » des membres de l’Académie Française, et leur indignation contre cette féminisation de notre belle langue.
    Roger JOUAN

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