Espagne : l’exportation de livres compense la baisse des ventes
27/09/2018
Les éditeurs espagnols demandent que la politique éducative soit orientée autour de la promotion de la lecture afin de relancer les ventes de livres et, surtout, de manuels scolaires dans le pays.
L’industrie espagnole de l’édition récupère lentement de la perte de 25% du chiffre d’affaires enregistré pendant la crise économique traversée par le pays de 2008 à 2015. L’année dernière, le secteur de l’édition a rapporté 2 319 millions d’euros, soit une hausse de 0,1% par rapport à l’année précédente. Les ventes manuels scolaires ont baissé de 3% en raison d’une intervention de l’administration publique et du renouvellement du contenu éducatif. Autres raisons de la lente reprise du secteur : des achats limités des bibliothèques publiques et les effets du piratage, qui représenteraient un manque à gagner de 200 millions d’euros.
L’Espagne est, après le Royaume-Uni et les États-Unis, le troisième pays à exporter le plus de livres. En 2017, les ventes à l’étranger représentaient 589 millions d’euros, un chiffre en hausse de 3% par rapport à 2016, ce qui a compensé la chute du marché intérieur.Les principaux pays qui acquièrent des livres à l’Espagne sont la France, le Mexique, le Royaume-Uni, l’Argentine et le Portugal.
Les éditeurs espagnols comptent aussi 209 filiales réparties dans le monde, dont les chiffres de ventes ne sont pas inclus, ce qui démontre le dynamisme des quelques 415 maisons d’édition qui ont une activité de vente permanente à l’étranger.
En 2017, 157,88 millions de livres ont été vendus, en hausse de 0,4% par rapport à 2016. 87 262 titres furent édités et réimprimés, un chiffre en hausse de 7,1%. Le prix moyen d’un livre est situé à 14,62 euros.
Le chiffre d'affaires du secteur éditorial est notamment centré sur Barcelone (50,8%) et Madrid (42,3%), qui représentent 92,8%. Les très grands éditeurs représentent 38,8% du chiffre d’affaires (39,3% en 2016), le reste du chiffre d'affaires étant réparti entre les grandes maisons édition (22,7%), les moyennes (25,4%) et les petites (13,6%).
Le livre numérique en Espagne a progressé de manière similaire à l'année précédente, soit de 1,6% (1,5% en 2016), pour atteindre 119,10 millions d'euros. Ce chiffre représente 5,1% du chiffre d'affaires total du secteur. Le nombre de titres publiés dans ce format a augmenté de 2,9% pour atteindre 47 001 titres.
« En 40 ans, nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur une politique éducative de qualité, où la lecture jouerait un rôle essentiel sur n’importe quel support ».
Pour David Fernández, président de la fédération des éditeurs espagnols (Federación de Gremios de Editores de España) et de l’association des libraires (Asociación de Cámaras del Libro de España) cité par ABC Economia, « le désordre » dans les différentes politiques éducatives entre les régions a causé une chute des ventes de manuels scolaires. Sans cette baisse des ventes, le secteur maintiendrait son chiffre des années passées, avec une hausse de 2%.
Selon lui, le Gouvernement actuel « encourage les politiques de promotion de la lecture qui permettent de réduire l’écart qui existe encore avec nos partenaires européens », tout en renforçant « le renouvellement des fonds dans les bibliothèques publiques » et en appliquant la loi sur la Propriété intellectuelle afin de lutter contre le piratage. Le gouvernement précédent avait approuvé un plan de promotion des livres et de la lecture qui a reçu le soutien de toutes les parties. David Fernández estime encore que le livre doit être remis au centre des politiques culturelles et éducatives : « en 40 ans, nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur une politique éducative de qualité, où la lecture jouerait un rôle essentiel sur n’importe quel support ».
Le rôle de Liber
Liber est la manifestation espagnole dédiée au livre la plus importante du pays. Elle se tiendra à Barcelone du 3 au 5 octobre prochain avec plus de 350 éditeurs et entreprises qui présenteront leurs nouveautés. La foire possède un vaste programme de conférences professionnelles pour discuter et réfléchir sur l’industrie actuelle, liée à la chaine du livre.
Liber et les 62 nationalités représentées jouent un rôle décisif dans la mesure où les contrats signés lors de l’évènement comptent pour 1/3 des ventes annuelles vers l’extérieur. En 2017, le chiffre est monté à 588 millions d’euros, soit une hausse de 3% par rapport à 2016. Parmi les délégations en présence, un groupe de bibliothécaires états-uniens ayant pour objectif d’augmenter le nombre de titres disponibles dans les 100 000 bibliothèques publiques d’un pays qui compte près de 50 millions d’hispanophones.
Source : ABC Economia / Crédits illustrations : CC0 License
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