Cristina Piovani : « On part de la littérature pour ouvrir des fenêtres »

Par : Angèle Boutin

27/03/2019

Alors que le Festival Italissimo, dédié à la littérature et à la culture italienne, va ouvrir ses portes d’ici quelques jours (3 au 9 avril 2019) pour sa quatrième édition, BookSquad a pu échanger avec Cristina Piovani, directrice du festival, qui se définit elle-même comme un « pont culturel » entre la France et l’Italie.

B.S. : Comment en êtes-vous arrivée à vous spécialiser en droit de la propriété intellectuelle ? Et pourquoi avoir choisi de venir en France pour exercer dans cette profession ?

C.P. : Cette spécialisation remonte à la fin de mes études, lorsque j’ai décidé de faire carrière dans le secteur de la propriété intellectuelle et artistique. J’ai par la suite travaillé sur des coproductions franco-italiennes au cinéma, ce qui m’a permis de me rapprocher de la France. Je me suis installée en France, où j’ai fait des études spécifiques sur le droit français. Aujourd’hui, je suis entre les deux pays. Je continue à servir de pont culturel aussi bien dans mon métier d’avocate, agent d’auteur, que pour le festival.


B.S. : En tant qu’experte du droit sur la propriété intellectuelle, quel est votre positionnement par rapport à la directive européenne sur le droit d’auteur, qui a été adoptée par le Parlement Européen hier ?

C.P. : Je n’ai pas pris position publiquement, mais personnellement, je suis tout à fait favorable à cette directive. Je défends le droit d’auteur sous toutes ses formes.
Si on veut garder une qualité artistique, il faut que le droit d’auteur soit défendu et que les auteurs puissent rester en lien avec leurs œuvres à travers toutes les exploitations qui en sont faites. Il faut continue à aller dans cette direction, aussi bien au niveau européen, qu’au niveau national.


B.S. : Que pensez-vous de la situation diplomatique et politico-culturelle actuelle entre la France et l’Italie ?

C.P. : D’un côté, il y a la crise diplomatique au niveau gouvernemental entre les politiques des deux pays. Et de l’autre, le niveau concret et quotidien des acteurs culturels, où pour le moment tout reste normal, avec une très bonne entente.
Cette année, nous avons bien entendu envie de communiquer à ce sujet, pour certes, donner la voix à la culture italienne sur le sol français, mais aussi pour montrer en Italie, qu’il se développe sur le sol français, un festival dédié à la culture italienne.


B.S. : Il y a trois ans, vous lanciez la première édition du Festival Italissimo : d’où vous est venue cette idée ? Comment avez-vous mis en place le festival ? Et pourquoi avoir privilégié la mise en avant de la littérature ? Quelles ont été les premières retombées ?

C.P. : Le festival est né d’une rencontre entre Fabio Gambaro, journaliste au Monde, à La Repubblica, mais aussi directeur de l’Institut culturel italien, Evelyn Prawidlo, la programmatrice, et moi. Notre exigence première était de donner à Paris, plus de place à la littérature et la culture italienne. Nous avons commencé à penser au festival en 2015, et la première édition s’est tenue en avril 2016.
Effectivement, le festival s’oriente autour de la littérature et de la culture italienne. Mais d’emblée, il a été décidé que le festival mettrait l’accent sur la littérature pour qu’elle serve de passerelle avec les autres arts tels que le cinéma, le théâtre : on part de la littérature pour ouvrir des fenêtres.
Nous avons été très surpris dès la première année ! Nous avons eu des retours positifs de la part des professionnels du secteur, des deux pays. De son côté, le public nous découvre un peu plus chaque année. Alessandro Baricco a été notre premier auteur invité, la première édition a été organisée autour de lui et de ses activités artistiques diverses. Son souhait pour le festival était que le public soit constitué à 50% d’Italiens et 50% de Français : un vœu exhaussé ! Car il est important de préciser que tout le festival est en langue française, il y a des interprètes, des surtitrages etc.


B.S. : Quels sont les temps forts de cette quatrième édition ?

C.P. : Cette année, nous organisons une soirée d’hommage à Gianmaria Testa, chanteur italien mais aussi poète et écrivain. Son livre Da quella parte del mar, a été publié en France sous le titre De ce côté-ci de la mer, en mars aux éditions du Sonneur, ce qui va nous permettre de parler de ses chansons, de la chanson italienne dans un monde de musique et de poésie (jeudi 4 avril).
Mardi 9 avril, nous organisons la représentation de L’Abisso, un spectacle de Davide Enia, en italien surtitré en français. Encore une fois, c’est le livre, La loi de la mer publié chez Albin Michel qui nous permet d’accéder à cette fenêtre ouverte sur le théâtre de la nouvelle génération.
Enfin, Lorenzo Mattotti viendra le dimanche 7 avril parler des coulisses de l’adaptation cinématographique d’un livre. Il présentera ainsi le travail effectué sur un livre de Dino Buzzati, dont l’adaptation en film d’animation, La fameuse invasion des ours en Sicile, sortira dans les salles en octobre prochain.


B.S. : Dans le cadre d’un festival international, quels soutiens obtenez-vous de la part des deux pays ? Provient-il exclusivement du secteur du livre ?

C.P. : Là encore, la parité entre les deux pays est conservée, comme le souhaitait Alessandro Baricco [rires] ! Le Centre national du livre nous soutient, et son homologue italien le CEPELL (Centro per il libro e la lettura) également.
On retrouve aussi parmi nos soutiens, la Sofia, l’Institut culturel italien, l’institut du tourisme italien, des banques, des cabinets d’avocats d’affaires et la Scuola Holden (Turin), une école fondée par Baricco autour de l’écriture et de la création littéraire.
Il est très amusant de voir que la plupart des auteurs que nous recevons sont passés autrefois par la Scuola Holden.


B.S. : Quelles sont les prochaines étapes pour le festival Italissimo ? Un agrandissement voire, un jumelage avec un festival italien ?

C.P. : Le festival a vocation à grandir oui ! Mais nous souhaitions dans un premier temps avoir une bonne base. La cinquième édition devrait être différente, car nous voulons nous ouvrir à d’autres lieux en France, liés au cinéma, au théâtre.
Nous avons déjà des échanges avec d’autres festivals italiens, mais pour l’instant il n’est pas question d’un jumelage en Italie.

 

Retrouvez le programme complet ici.

TEMPS DE LECTURE: 4 minutes

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