Australie : troisième édition du forum de Australian Inclusive Publishing Initiative (AIPI)

Par : Angèle Boutin

14/11/2018

Cette initiative australienne pour une édition inclusive (AIPI) est composée de représentants de bibliothèques, d’éditeurs, d’auteurs, de rédacteurs en chef, de spécialistes de l’impression, d’experts en droit d’auteur et d’agences gouvernementales. L’AIPI s’est tenue la semaine dernière à Barangaroo avec trente participants, représentant plus de vingt organisations.

Cette initiative a été lancée en 2016 par Bill Kasdorf (expert international en accessibilité aux livres) pour répondre aux préoccupations des personnes qui ne peuvent pas faire l’expérience de la lecture et de son apprentissage.

Ce dernier a déclaré à l'Australian Publishers Association (association des éditeurs australiens) « qu’il existe dans le monde d’autres groupes du secteur de l’édition qui sont plus avancés sur le plan technologique, mais le vaste groupe prenant part à l’AIPI en fait un chef de file mondial, novateur qui garantira la durabilité des résultats ».

Le principal défi de l’AIPI est de créer un fichier d’édition accessible dès le départ pour chaque livre, « born-accessible publishing », et qui puisse être transformé au format voulu : braille, livre audio, police en grands caractères etc.

Ce fichier a été testé par la Sydney University Press (SUP), et sa directrice, Agata Mrva-Montoya explique que ce qui est le plus fastidieux pour rendre un livre accessible se trouve être le texte alternatif (description d’images). Selon elle, les auteurs sont le mieux placés pour le rédiger : « nous demandons aux auteurs d’écrire le texte alternatif, puis nous le copions simplement. Cela fait gagner beaucoup de temps et offre un meilleur contenu ».

Josie Howse (spécialisée dans l’impression en gros caractères et braille au ministère de l’Education NSW) n’a « jamais été aussi enthousiasmée » par les développements dans ce domaine : « depuis plus de 30 ans je travaille sur le droit d’auteur pour avoir accès aux fichiers pour les malvoyants, c’est la période la plus excitante de ma vie. Les progrès et la stimulation ressentis lors de notre troisième réunion AIPI sont significatifs ». Une dynamique due selon elle à « la force motrice de l’association des éditeurs australiens (APA) ».

Sonali Marathe, de l’Institut royal des enfants aveugles et sourds, a déclaré : « il y a deux ans, il y avait un fossé entre les éditeurs et le secteur de l’impression, mais nous formons maintenant un groupe cohérent. L’objectif est de créer des formats de livres pour tous les niveaux, à lire et apprécier ». Et de rajouter : « les données du Bureau australien des statistiques [Australian Bureau of Statistics] révèlent qu’une personne sur cinq dans la société vit avec un handicap permanent. Plus de 20 % d’entre eux souffrent d’une forme de handicap qui les empêche d’utiliser un livre papier standard ».

Jess Coates de l’Australian Digital Alliance a expliqué au terme du forum que « les choses allaient vraiment pouvoir commencer ». L’un des objectifs est de « créer un pôle de connaissances numériques » afin de mettre en place une plateforme web de présentation de l’AIPI. « Nous serons en mesure de partager des informations sur le cadre réglementaire dans lequel les éditeurs doivent travailler, des lignes directrices pour les éditeurs et le personnel des services aux personnes handicapées ».

L’accessibilité des livres, une obligation légale pour les éditeurs

Depuis 2010, si un éditeur a créé un livre non disponible dans le format requis par les consommateurs, il est susceptible d’enfreindre la loi australienne de 2005 sur la discrimination contre les personnes handicapées (Disability Standards for Education 2005).

Lee Walker, président de l’association des éditeurs australiens et directeur du département Education chez Oxford University Press, explique que « les changements dans l’espace juridique sont des facteurs déterminants pour les éditeurs qui envisagent le problème du changement de flux de travail. Nous voulons créer facilement des textes dans différents formats, tout en préservant le droit d’auteur ».

Greg Alchin, de l’association All Equal, a enfin déclaré que « l’industrie du livre a un choix simple à faire. Elle peut adopter ou non la publication de livres numériques conformément aux normes internationales d’accessibilité. Les normes d’accessibilités et les formats modernes tels que EPubs permettent aux éditeurs de toucher un marché plus importante, de mieux contrôler le droit d’auteur et de réduire les risques juridiques. […] Inversement, les éditeurs qui choisissent de produire des ebooks dans des formats obsolètes, tels que PDF, ne se conforment pas aux normes d’accessibilité et s’exposent à un risque élevé de poursuites pour non-accessibilité ».

    Crédit photo : CC0 License

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