Italie : L’AIE veut rendre le livre plus accessible
13/05/2019
Le président de l’Association des éditeurs italiens (AIE) a présenté aujourd’hui à la Commission de la Culture, à Rome, un bilan sur l’état de l’accès à la culture, et à la lecture en particulier, dans le pays. Ce bilan a pour objectif de mettre en place un plan pluriannuel visant à promouvoir la lecture et servir de tremplin au secteur du livre italien.
Le président de l’AIE, Ricardo Franco Levi, s’est exprimé en témoignant de l’urgence à mettre en place « une politique sur le long terme » afin de résoudre le problème de la lecture et de l’accès à la culture en Italie : « une politique d'investissement dans le secteur doit enfin voir le jour en Italie, avec des ressources importantes pour les bibliothèques scolaires, universitaires et de lecture publique, un rôle plus actif des écoles dans ce domaine, le renforcement des crédits d'impôt et des aides directes aux librairies, une politique qui favorise les investissements des éditeurs […] mais aussi des déductions d’impôts pour l’achat de livres ».
La mise en place d’une politique sur le long terme
La présentation de ce rapport est portée par plusieurs idées de projets de loi dans le cadre de la promotion et d’aides à la lecture.
Le plan pluriannuel présenté par l’AIE est basé sur deux axes majeurs :
- Une partie financière, fondée sur des investissements : pour la mise en place d’une politique d’investissement dans le secteur du livre en donnant accès à de meilleures ressources aux bibliothèques (publiques, universitaires et scolaires), d’un système d’aides attribuées aux librairies, et d’une politique d’encouragement de l’innovation avec des moyens financiers à disposition des éditeurs.
- Une partie promotionnelle et d’encouragement de la population à « consommer » plus de culture, notamment en continuant à offrir le Bonus Cultura aux jeunes ayant 18 ans, mais aussi en proposant des déductions lors d’achats de manuels scolaires.
Des exemples de solutions concrets
Parmi les actions concrètes, l’AIE propose plusieurs idées afin d’encourager à la lecture et d’aider les acteurs du milieu du livre. L’association demande notamment à l’État d’accorder aux associations de promotion à la culture le statut d’association à but non-lucratif de nécessité publique, et par extension de leurs verser les aides fiscales adéquates.
Elle souhaiterait aussi continuer la mise en application du Bonus Cultura accordé aux jeunes ayant 18 ans et a aussi pour objectif d’offrir une carte similaire aux enfants entrant à l’école primaire afin de les encourager à se familiariser avec l’objet du livre et ses milieux, comme les librairies.
Afin d’encourager à la consommation de biens culturels, et de livres plus spécifiquement, des déductions fiscales seraient aussi envisageables.
L’association pointe aussi l’urgence d’investir et d’aider les professionnels du secteur (bibliothèques, éditeurs, librairies), notamment avec la création d’un fond d’aides directes qui puissent être reversées aux librairies ou encore d’encourager la création de PME et les entreprises voulant se monter dans le secteur du livre en facilitant l’accord de crédits.
Une relation laborieuse avec la lecture
Ce plan pluriannuel s’appuie sur des chiffres montrant les difficultés rencontrées par la population italienne à accéder à la lecture.
Dans une étude datant de 2015, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) établissait que 46,3 % de la population en Italie se trouve en grande difficulté de compréhension face à un texte, contre 24,8 % de la population qui soit capable de comprendre presque parfaitement les textes qui leur sont présentés.
Ces chiffres peuvent aussi s’expliquer par le manque d’intérêt que présente la lecture et à plus large échelle la culture aux yeux des Italiens. Selon l’Observatoire de l’association des éditeurs italiens, seulement 12 % de la population (âgée entre 14 et 75 ans) déclare consacrer au moins une heure continue à la lecture par jour, contre 60 % qui déclare avoir lu au moins un livre au cours des 12 derniers mois - une analyse faite par.
Manque d’investissement et manque de demande : le serpent qui se mord la queue
Dans son rapport, l’association observe une presque désertification des bibliothèques, avec seulement 11 % de fréquentation, contre 33 % en France et 47 % au Royaume-Uni. Cette différence semble s’expliquer par la proportionnalité des investissements faits par les autres pays.
En effet, le Royaume-Uni a investi près de 865 millions d’euros dans ses bibliothèques publiques entre 2014 et 2015. En comparaison, l’Italie n’a investi que 45 millions d’euros dans le renouvellement des collections de ses bibliothèques publiques.
Si les Italiens semblent bouder les livres, c’est aussi parce que y accéder devient de plus en plus compliqué. L’accès et le maintien des librairies en Italie est aussi une des explications au manque d’intérêt pour la culture. Malgré la mise en place d’un crédit d’impôt récent, le nombre de librairies n’a cessé de baisser : Rome a perdu 41 % de ses librairies entre 2007 et 2017. Les petites villes font d’ailleurs face à un véritable phénomène de désertification. Elles ne sont plus les canaux de distribution privilégié, les ventes en librairie représentaient 34 % en 2011, contre 25 % en 2018.
Un marché du livre fragile
Le manque d’investissement ne serait peut-être pas la seule cause de la fragilité du marché du livre. L’association remarque ainsi que la baisse des ventes de livre coïncide avec la mise en application, en 2011, de la loi Levi et de son autorisation d’un pourcentage de réduction de 15% sur le prix de couverture.
Malgré un chiffre d’affaires fluctuant entre 2011 et 2018 (-8 % de ventes en 2011, un retour à la croissance entre 2015 à 2017, et une baisse de 0,4 % l’an dernier). Malgré une volonté d’encadrement, l’association suggère une corrélation entre le pourcentage - qui serait majoritairement pratiqué par les vendeurs sur Internet, et la fragilité des ventes de livres dans le pays.
Le rapport complet est disponible sur le site de l’association des éditeurs italiens.
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