Livres Hebdo se sépare de son service de correction

Par : Claire Chave

02/04/2019

La direction d’Electre a annoncé fin mars la suppression du service de correction révision de Livres Hebdo.

La direction d’Electre, société éditrice de Livres Hebdo, a décidé de supprimer le service de correction du journal « pour des raisons comptables », selon la pétition lancée par la Société des Journalistes (SDJ) de Livres Hebdo, présidée par Pauline Leduc.

Il y a un an, la direction a installé un nouveau logiciel de correction, Prolexis, qui devait déjà progressivement remplacer les correcteurs. « Le logiciel permet de corriger les petites erreurs d’orthographe, mais nous avons besoin des correcteurs pour vérifier le sens et la qualité des articles proposés », explique Pauline Leduc.

L'annonce de la suppression du service de correction avait été faite dès l'installation de Prolexis en interne, et la SDJ avait dû intervenir pour sauver les emplois - ne gagnant qu'un délai. 

En plus de la pétition, la Société des Journalistes de Livres Hebdo a envoyé à la direction une lettre recommandée afin d’engager un dialogue à propos de l’évolution du service et surtout sa conservation au sein du journal.

Pour Pauline Leduc, « le plus grand nombre de signatures sera le bienvenue. L’idée est de montrer à la direction que la qualité des articles dépend des correcteurs, en mobilisant la chaîne du livre, comme les éditeurs, les libraires, les bibliothécaires, les diffuseurs, distributeurs, les auteurs ou les journalistes ».

Mais cette décision, comme le précise la direction d’Electre, s'inscrit dans une tendance globale. Et la suppression des services de correction « se fait partout ». Comme le déclarait Solène Bouton, présidente de l’Association des correcteurs de langue française (ACLF), lors d’un interview en 2018 pour France Culture : « Il suffit de voir la presse aujourd’hui, où c’est un métier en voie d’extinction » affirmait-elle.

Cette question est bien symptomatique de l'état du marché des médias et de l'édition. Les médias en ligne - comme BookSquad - recourent au mieux à des logiciels, doublés d'une relecture entre journalistes. Si ce procédé n'atteindra jamais la qualité du travail de correcteurs professionnels et humain, il est cohérent avec la réalité financière des sociétés éditrices.

TEMPS DE LECTURE: 2 minutes

5 commentaires sur “Livres Hebdo se sépare de son service de correction

    Une décision scandaleuse, qui témoigne d’une méconnaissance du périmètre d’intervention des correcteurs, et relève d’une politique d’économie à court terme dont l’avenir montrera les dégâts en ce qui concerne l’image d’une profession déjà gravement discréditée pour d’autres raisons.
    Le jour où les logiciels de correction appliqueront les accords de manière autre qu’automatique, connaîtront l’orthographe des noms propres et possèderont une solide culture générale qui leur permette de débusquer des bourdes monumentales en matière historique, scientifique, technique, artistique, philosophique, etc., on en reparlera.

    Et si on supprimait les contrôleurs de gestion ? Finalement, les comptables peuvent bien faire des relectures croisées de leurs tableaux excel… Si même un magazine qui parlent des livres ne comprend rien à l’édition, onéparandu.

    Prolexis, c’est super pour les coquilles. Dès que la graphie dépend du sens, le logiciel est complètement perdu, voire suggère des modifications fautives.
    Quant à la relecture croisée, d’expérience, c’est la meilleure façon de répandre l’erreur (« si, si, je t’assure, on dit : “Après que je sois” ») et de perdre toute cohérence (« moi, j’écris “clef” parce que c’est plus joli »).
    La réalité financière, c’est que si une société éditrice n’a pas les moyens de publier une copie de qualité, elle devrait plutôt ne rien publier.

    Petits exemples du peu de pertinence de la relecture croisée piochés dans le « brief » du « Monde », ce matin :

    « Dans un brouhaha quasi-permanent, où les temps de parole de chacun étaient limités à leur part la plus *congrue* » (= convenable, adapté et non, comme semble le croire le quotidien de référence, minuscule).

    (À propos du Rwanda) « Dans aucun autre pays, autant de génocidaires vivent aussi *prêts » des familles de leurs victimes. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES LIÉS