Libraire, un métier en constante évolution
18/03/2019
Le dernier panel « In Situ » met en avant deux libraires, Baptiste Gros et Maya Flandin, pour parler de leurs métiers, de son évolution et des difficultés rencontrées lorsque l’on se lance dans ce secteur.
Maya Flandin a créé la Librairie Vivement dimanche à Lyon à l’âge de 27 ans. « On a besoin de librairies, autant au niveau social d’abord, afin de créer des liens entre les gens, qu’au niveau économique. Il est actuellement possible d’en vivre, bien que ça ne soit pas facile », déclare-t-elle.
A l’instar de Baptiste Gros, qui lui a repris la librairie La Colline aux Livres de Bergerac avec sa compagne, car il voulait « servir de passeur entre les livres et les gens. Mon talent, c’est de transmettre les livres, la littérature ».
Constamment à la recherche d’un nouveau public, le plus important est de connaître en premier lieu son public principal, afin de savoir comment élargir cette clientèle. « À mon arrivée, 50 % de ma clientèle était des retraités », explique Baptiste Gros. Pour cela, les libraires peuvent s’aider d’outils numériques, comme l’ODIL, l’outil d’aide à la création d’entreprise.
« Je n’avais pas les moyens de m’installer dans la rue principale, j’ai dû faire moi-même l’étude de marché. Il y a principalement des familles avec des enfants, donc il fallait un beau rayon jeunesse », déclare Maya Flandin.
L’une des problématiques du métier reste la rentabilité. Outre les loyers extrêmement élevés dans les endroits prisés et passant, il faut réussir à fidéliser une clientèle changeante et aux goûts divers et variés.
Pour Maya Flantin, l’important est d’apporter un service de qualité. « Il n’y a pas de « truc tout fait » pour faire une bonne librairie. En France, on a des librairies très différentes les unes des autres, avec chacune un petit « truc en plus » », explique-t-elle.
« Il faut leur proposer de nouvelles choses, en permanence. Le libraire doit organiser sa circulation, ainsi que ses rayons. Il faut agencer de manière intéressante, avec des transitions entre les rayons pour amener inconsciemment l’acheteur à découvrir de nouvelles choses », déclare Baptiste.
Cependant, il y a des ouvrages qui vont se vendre moins facilement et demandent un petit peu plus de boulot. « J’ai changé un peu ma sélection avec l’arrivée, en face de chez moi, de la FNAC », explique le repreneur de la Librairie des Collines.
Il a décidé de construire sa librairie autour d’un équilibre de 30 % d’auteurs et éditeurs connus, contre 70 % de petits auteurs et éditeurs, afin de faire découvrir de nouvelles perles aux lecteurs sans se détacher des auteurs dits « classiques », dans sa librairie de 130m².
L’autre gros enjeu du libraire, c’est le financement du stock de référence. Pour les deux intervenants, leurs stocks sont d’environ 20.000 titres, soit environ 150.000 euros de livres. Les éditeurs donnent aux librairies un délai de 30 à 60 jours pour écouler tout le stock, faute de quoi, les libraires se doivent d’avancer l’argent des invendus.
« Quand on ouvre une librairie, les remises sur les stocks sont faibles, autour de 30 % environ, et ça augmente en fonction des revenus. Il faut prouver que l’on est capable d’être libraire sur le long terme. En dessous de 35 % de remise, on vend sans gagner d’argent », explique Maya Flantin.
Cependant, la plus grosse charge, c’est la masse salariale. Le taux de rentabilité est autour de 1 % en librairie. « Heureusement, il existe une politique d’aide assez efficace », déclare la libraire lyonnaise. Le plus important dans ce métier est de faire des choix, de dire plus souvent « non » que « oui » aux fournisseurs.
Aujourd’hui, on demande aux libraires d’être communiquant, surtout sur les réseaux sociaux. Cette multiplicité des tâches en dépassent souvent certains, tandis que d’autres s’en amusent, comme Maya Flantin, qui déclare que libraire « est un métier dans lequel on ne s’ennuie pas ».
De plus en plus d’écoles proposent des formations de libraires, ce que les deux intervenants approuvent et recommandent. « On ne peut pas devenir libraire sans une solide connaissance du monde littéraire », déclare Baptiste Gros.
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