Non, la Mél ne refuse pas de rémunérer ses auteurs
07/03/2019
Tout est parti en début de semaine d’un email de Jean-Yves Masson, président de la Maison des écrivains et de la littérature (Mél), qui a mis le feu au poudre. Adressé aux auteurs adhérents, le président de la Mél tenait à les informer des difficultés rencontrées pour les rémunérer. Une nouvelle qui a suscité beaucoup de réactions mais qui a également subi de nombreuses imprécisions… au grand dam de l’association.
« On ne leur a pas dit qu’on ne les rémunérerait pas, on leur a demandé d’attendre » précise Sylvie Gouttebaron, directrice de la maison des écrivains de Paris, à BookSquad.
Depuis quelques jours Twitter s’emballe. Des auteurs mais aussi des associations d’auteurs s’indignent : « Comment une structure aussi subventionnée, dédiée aux auteurs et aux autrices, peut prendre cette position ? Nous refusons d’être l’éternelle variable d’ajustement », peut-on lire dans un des tweets de la ligue des auteurs professionnels.
Le 28 février dernier, la Maison des écrivains et de la littérature avait adressé une lettre à ses adhérents et à ses auteurs en leur demandant de se mobiliser pour qu’elle puisse continuer à exister. Victime d’une perte de 50 000 euros de ses subventions en 2019 (soit 165 000 euros sur trois ans, à périmètre constant), et désormais dépendante de la DRAC île de France, l’association déplore un épuisement de ses réserves, l’empêchant de mener à bien ses actions.
Suite à cet appel à l’aide, Jean-Yves Masson, président de la Mél, a tenu à avertir les auteurs sur les répercussions économiques que cette situation induisait sur leurs rémunérations. « Il a préféré les prévenir plutôt que de ne rien dire, attendre que le train passe et les laisser sans informations » souligne Sylvie Goutterbaron, tout en indiquant que l’association à toujours veillé, depuis 30 ans « à payer ses auteurs en temps et en heures ».
Et la directrice de la Mél Paris de déplorer la réaction de certains auteurs. « Pourquoi y-a-t-il une division aujourd’hui? Pourquoi s’en prendre à nous ? Nous sommes de grands militants de la rémunération en droits d’auteur, donc c’est dur de se prendre ça dans la face. On est abasourdis. Je suis très triste de cette situation, c’est injuste, très injuste ». Avant d’ajouter, la voix pleine d’émotion : « Heureusement, il ne s’agit que d’une minorité, car la plupart de nos adhérents continuent de nous soutenir ».
Sur la rémunération des salariés de l’association avant la rémunération des auteurs, Sylvie Gouttebaron rappelle qu’il s’agit d’une obligation légale.« Nous avons l’obligation de payer ceux qui travaillent pour nous. Ce n’est pas la Mél qui affirme ceci, c’est la loi qui le dit. Et si il n’y a plus personne pour s’occuper des droits d’auteurs, la maison ferme », rappelle-t-elle.
La Maison des Écrivains et de la Littérature continue d’oeuvrer pour que la situation s’améliore, même si seule une réponse de la DRAC pourra changer les choses. Une tribune signée par de nombreuses personnalités dont Laure Adler, Sorj Chalandon, Frédéric Mitterrand, Michel Deguy ou Florence Delay - pour ne citer qu’eux - doit paraître dans l’après-midi dans Le Monde et sur le site de l’association.
La Mél a également mis en ligne une pétition déjà signée par plus de 2.600 personnes, en appelant à l’intervention du ministre de la Culture pour débloquer la situation.
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