Brexit : les auteurs britanniques interpellent le gouvernement sur la protection des industries créatives.
07/12/2018
La sortie du Royaume-Uni de l’Europe effraie les éditeurs britanniques, qui craignent de perdre leur place de leaders mondiaux. Afin d’anticiper ce scénario catastrophe, la Society of Authors, syndicat d’écrivains britannique, vient de publier un livre blanc pour apostropher le gouvernement.
Intitulé Directive sur le Brexit: « pas de marchandage », le livre blanc du syndicat, paru mercredi 5 décembre 2018, demande le gouvernement britannique de « veiller à ce que le cadre politique national soit favorable aux écrivains et aux autres acteurs de la création. »
L’organisation, qui représente plus de 10 500 écrivains, scénaristes, illustrateurs et traducteurs littéraires, apprécie les propositions sur la propriété intellectuelle et les douanes, contenues dans l’accord de retrait et dans la déclaration politique sur le futur cadre entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Néanmoins, les préoccupations du syndicat concernent les questions qui ne seront abordées que lors de futures négociations avec l’UE ou dans le cadre de la législation nationale, comme le droit d’auteur, l’épuisement des droits, le commerce, le financement de l’Union européenne, la liberté de circulation et la TVA sur les livres électroniques. « De nombreux pays à travers le monde n’ont pas les mêmes normes élevées en matière de droit d’auteur que le Royaume-Uni » rappelle Society of Authors. « Il est essentiel que nos normes de droit d’auteur actuelles ne soient pas affaiblies ou utilisées comme monnaie d’échange dans le cadre de négociations commerciales futures. Une telle démarche serait très préjudiciable pour le succès de nos industries créatives » alarme l’organisation. Elle se félicite notamment de l’engagement pris récemment par le secrétaire du Commerce international à la Chambre des communes, de veiller à la protection du droit d’auteur.
Les industries créatives britanniques ont un poids conséquent sur l’économie britannique puisqu’elles génèrent près de 100 milliards de livres sterling ( 112,29 milliards d’euros) par an. « Les Britanniques sont des leaders mondiaux en matière de créativité. L’Union européenne est le marché le plus important du secteur de l’édition pour les livres physiques, représentant actuellement 36 % de toutes nos exportations de livres » souligne, Joanne Harris, une des trois auteures, qui sont citées dans le livre blanc. Elle craint une marginalisation des éditeurs britanniques si des dispositions douanières ne sont pas instaurées pour permettre un transport plus rapide et efficace des marchandises vers l’Europe et le reste du monde.
Le syndicat des écrivains britanniques s’inquiète également des répercussions que peuvent avoir les mesures du Brexit quant à la volonté d’annuler la libre circulation des individus. « Le secteur culturel britannique bénéficie également de notre capacité à attirer des écrivains européens. (…)Nous devons préserver nos liens étroits avec l’Europe, la suppression de la libre circulation des travailleurs du secteur culturel causera des dommages considérables à l’industrie », précise Linda Grant, dans une citation reprise par le recueil.
En avril dernier, lors de la foire du livre à Londres, the Publishers Association avait également alarmé le gouvernement en publiant un plan d’action (A blueprint for UK publishing) pour soutenir le secteur de l’édition britannique après le Brexit. L’association a ainsi dressé dix points divisés en trois groupes (Encourager les meilleurs nouvelles oeuvres créatives, éducatives et académiques du monde ; Soutenir la portée mondiale de l’édition au Royaume-Uni ; Diriger le monde à l’ère numérique) que le gouvernement britannique doit appliquer pour préserver le secteur de l’édition britannique, « leader dans le monde ».
Source: Publishing Perspectives
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