Un piratage massif de livres scolaires au Kenya
30/03/2017
Les autorités au Kenya ont découvert au printemps une grande organisation active autour du piratage de livres scolaires.
L’enquête qui a conduit à cette découverte a été menée par deux organismes officiels, l’Association des maisons d’édition au Kenya (le KPA, Kenya Publishers Association) et le Comité des droits d’auteurs du Kenya (le KECOBO, Kenya Copyright Board). Ces deux organismes représentent ensemble l’ensemble des maisons d’éditions et des auteurs du Kenya.
L’enjeu financier est ce qui a finalement poussé les deux organismes à agir de manière concrète fin mars, motivant des raids à Nyamakina (Nairobi) et Ngong (Kajiado). Lors dès perquisitions les autorités ont récupéré plus de dix mille copies de livres volés d’une valeur de plus de 5,5 millions de shilling au Kenya, l’équivalent de presque cinquante mille euros.
À la suite de ces actions les autorités, par la voix de leur porte parole David Waweru (président du Comité des droits d’auteur du Kenya) ont révélé la complexité et l’étendue de l’organisation et du fonctionnement du système de piratage. Dans cette affaire de livres scolaires piratés il ne s’agit pas seulement d’un réseau criminel, mais de l’implication de directeurs d’écoles ayant facilité l’entrée des voleurs dans des établissements scolaires.
L’action criminelle autour des livres scolaire se déroule selon deux schémas différents. Pour le premier, ce sont les directeurs d’école qui fournissent aux criminels les livres scolaires qui sont ensuite réimprimés et les copies illégales sont revendues aux écoles. Pour le second, les criminels et les directeurs d’écoles se mettent en collusion pour de véritables braquages d’écoles pendant lesquelles les criminels s’introduisent dans les établissements scolaires à l’aide de leurs responsables. Une fois à l’intérieur, les criminels s’emparent des livres scolaires en masse. Une fois les livres sortis des écoles, les braqueurs les mettent en vente et empochent les profits. Les autorités confirment que le vol et le piratage des livres scolaires n’est d’ailleurs pas limité aux deux localités où les perquisitions ont eu lieu, mais s’étend sur tout le pays et dans tous les niveaux de l’éducation, de l’école élémentaire à l’université.
La révélation de cette organisation criminelle au Kenya a fait dire à David Waweru que le vol et le piratage des livres scolaires découragent les auteurs d’écrire et les maisons d’édition de publier. Par conséquent, la connaissance que les écrivains ont à partager est perdue pour la population kényane. Mais, quelle solution le Kenya pourrait-il avoir trouvé pour faire cesser le vol et le piratage de livres scolaire, pour encourager les auteurs à écrire, et les maisons d’édition à publier ? Le Kenya en avait déjà trouvé une avant les raids menés fin mars. Elle consiste en la mise en place d’un système électronique de vérification numérique que le Kenya a établi mi-février. Dans ce système, chaque livre contient un code secret que l’acheteur peut envoyer par SMS à la KPA qui renvoie une réponse immédiatement. Si le livre est une copie neuve et le code n’a jamais été envoyé, l’acheteur reçoit une réponse confirmant que le livre n’a ni été volé ni piraté. Ce système électronique numérique aide aussi les autorités à retrouver les livres volés ou piratés et ceux qui ont participé à l’organisation criminelle. Dans l’espoir que ce système dissuade autant les braqueurs que les receleurs, en dépit des manques de moyens récurrent dans le pays.
Sources : Standard Media, Publishing Perspectives
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