Écosse : l’inégalité des genres dans le milieu du livre fait rugir
31/07/2019
À l'occasion du lancement de son nouveau site web, le collectif écossais ROAR (Represent, Object, Advocate, Rewrite), dont l’acronyme signifie « rugir » en anglais, a publié une étude révélant le manque de parité dans le milieu du livre en Écosse.
Une création majoritairement masculine
Dans le cadre de recherches pour sa thèse intitulée Les Femmes de Lettres : L’égalité des genres dans la littérature et l’édition contemporaines en Écosse (Women of Words : Gender equality in contemporary writing and publishing in Scotland), sur toute l’année 2017, l’étude de la professeure Christina Neuwirth pointe la disparité entre les genres des auteurs publiés dans le pays.
Ainsi en 2017, 37 % des auteurs étaient des femmes, soit 14,5 % de moins que le nombre d’autrices à l'échelle mondiale.
La catégorie dans laquelle les autrices écossaises sont le moins représentées est la non-fiction, avec seulement 4 autrices pour 30 auteurs, en 2017. Aucune autrice n’est représentée dans les catégories de livres traitant de sports ou des ouvrages humoristiques.
Cependant, les autrices sont plus nombreuses à écrire de la romance (11 autrices pour 3 auteurs).
L’étude montre aussi que la parité auteur/autrice est respectée dans certains genres, comme la littérature jeunesse et la fiction historique par exemple, où l'on retrouve presque autant de femmes que d’hommes exerçant cette profession.
L’écriture, pas une affaire de femmes ?
Lors de ses analyses, Christina Neuwirth a remarqué que si certaines autrices réussissent à se faire publier, leurs ouvrages ne sont pas pour autant ce dont la presse parle le plus.
Sur les 604 critiques littéraires écrites dans les deux journaux nationaux les plus importants du pays, The Herald et the Scotsman, 35 % des ouvrages passés en revue ont été écrits par des autrices. Et 14 % des critiques ont elles-mêmes été écrites par des femmes, et 86 % par des hommes.
Des têtes d’affiche qui cachent une réalité différente
Si dans les faits les autrices ne sont pas celles que les lecteurs écossais retrouvent de prime abord sur les étagères des librairies ou dans les colonnes de leurs journaux quotidiens, elles sont pourtant bien mises en avant lors des manifestations littéraires.
Lors de leurs éditions respectives en 2017, le festival international du livre d’Édimbourg, l’AyeWrite Festival (le festival du livre de Glasgow) ou encore le Bloody Scotland (festival international du livre policier, Édimbourg) ont, sur les 1 392 auteurs invités à participer, présenté 44 % d’autrices.
Pour les évènements uniques à l'instar des dédicaces et ateliers, ce pourcentage d'autrices y participant est de 38 %.
« Les recherches en cours qui étayent les études menées par le ROAR sur les inégalités vécues dans le secteur de la littérature et de l'édition sont de nouvelles preuves. Les femmes sont désavantagées en ce qui a trait à la critique de livres et à la proportion de livres de non-fiction écossais. Il faut s'attaquer à cette discrimination sexuelle afin de faire du secteur - et du pays - un espace plus juste, plus représentatif et plus démocratique » explique Claire Squires, Professeure spécialisée dans la recherche sur le secteur de l’édition à l’Université de Stirling (Écosse) et membre du collectif, dans le dossier présentant l’étude.
Le collectif ROAR a été fondé en 2016 et regroupe plusieurs acteurs de l’écriture et de l’édition, dont l’objectif commun est de combattre les inégalités au sein du milieu du livre, mais aussi de mettre en avant les nouvelles voix de la littérature écossaise.
Source : Literature Alliance Scotland
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